Du sel, du pain et des lendemains
(Déplacements et hospitalités)

Collecte de photographies du 8 mai au 31 août 2025
La Conserverie, Conservatoire national de l’album de famille
(Dessin : Sybille du Haÿs, avril 2025)

Dans les premiers jours de septembre 1939, des mosellans et des alsaciens doivent tout quitter en quelques heures. Le gouvernement évacue les zones frontalières dans le Sud Ouest. Les départements de la Vienne, de la Charente, de la Haute-Vienne et de la Dordogne accueillent dans des proportions difficilement imaginables des centaines de milliers de déplacés qui parlent une langue assimilée à celle de l’ennemi. Le projet L’enracinement a réuni autour de cette histoire plusieurs artistes ayant des liens avec ces deux régions. Une première exposition a eu lieu à l’automne 2024 à Rurart (86), une seconde aura lieu en septembre au Pôle culturel La Sabline (86). 

Suite aux rencontres avec les lieux, avec des comités de jumelage et des images d’archives, Sybille du Haÿs et Anaïs Marion s’associent à Anne Delrez et La Conserverie pour collecter des témoignages de ce à quoi pourrait ressembler un geste d’hospitalité. Une main tendue, une louche prête à servir la soupe, un verre qu’une main anonyme remplit d’eau, de café ou de vin… Ces petits gestes d’une simplicité universelle semblent raconter l’amitié qui se tisse dans l’adversité. 

Pour Simone Weil, l’enracinement* est le plus important et le plus méconnu des besoins fondamentaux de l’être humain. S’enraciner, c’est le sentiment de faire partie de collectivités au sein desquelles la naissance, le lieu d’habitation ou la profession nous amènent à appartenir. Les multiples racines qui nous constituent nous font exister par des passés communs, nous permettent d’envisager un futur. Ce n’est pas un droit à accorder que de répondre à ce besoin mais selon Weil, c’est un devoir envers l’être humain que d’y répondre, un fait devant lequel nous sommes toutes et tous obligé.es.

La langue française a la particularité de ne pas distinguer l’accueilli de l’accueillant à travers le mot “hôte”. C’est peut-être un indice : la difficulté de se trouver dans une position comme dans l’autre est partagée. On connaît l’adage qui nous a appris à dresser un couvert pour le vagabond qui pourrait frapper à la porte. On a oublié qu’au Moyen-Âge, il convenait de recevoir un hôte en lui offrant du sel et du pain. On raconte encore le conte de la soupe au caillou qui transforme la méfiance en un repas chaleureux. 

Quelques conseils techniques et pratiques : Nous vous saurions gré de bien vouloir ouvrir vos albums ou ceux de vos voisins, vos boîtes à chaussures ou à gâteaux, à la recherche de cette photographie sur laquelle vous percevez ce geste de partage. Puis, si tel est le cas, merci de bien vouloir nous confier votre, vos photographies. Pour cela, nous vous demandons de numériser cette image et cela, sans y faire de retouches. La numérisation doit se faire au minimum à 1200 dpi (à partir du format d’origine de la photographie), elle doit être enregistrée au format TIFF (non compressé). Vous pouvez aussi nous confier sa numérisation en envoyant votre document à La Conserverie chez Imag’est – Pôle Image Manufacture – 9 rue Michel Ney 54000 NANCY alors nous nous chargerons de la reproduire et de vous la retourner ou encore en nous contactant par mail à l’adresse cetaitoucetaitquand@free.fr afin de convenir d’un rendez-vous. N’hésitez pas à nous contacter pour plus de renseignements ou si vous avez besoin d’aide pour sa numérisation.

MERCI

Anaïs Marion, Sybille du Haÿs et Anne Delrez 

* Titre emprunté au livre de Simone Weil, rédigé en 1943 en exil à Londres. L’enracinement, prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain, 1949, ed. Gallimard
Ce projet a pu voir le jour grâce aux soutiens de la DRAC Nouvelle Aquitaine, de la Région Grand Est par son dispositif “Soutien aux projets culturels commémoratifs événementiels relatifs à la mémoire des conflits”, de Rurart et du Pôle culturel La Sabline.