Mégalomania est un projet itinérant qui se déploie en 2022 le long du littoral néoaquitain. En prenant l’inventaire des vestiges du mur de l’Atlantique comme prétexte à un itinéraire de Hendaye à La Rochelle, Mégalomania engage une réflexion sur la documentation des espaces amenés à disparaître et l’érosion des paysages. Les nouvelles défenses contre la mer, ces ouvrages colossaux qui côtoient les blockhaus de nos plages, tentent de ralentir l’érosion et matérialisent la nouvelle bataille qui se joue sur la côte. Cette recherche à la fois visuelle et documentaire est pour l’instant donnée à voir sous la forme de lectures – performances : un texte à la première personne accompagne les manipulations d’images qui construisent plusieurs tableaux au fil du récit.
Mégalomania est lauréat de l’appel à projets Coopération création et territoire 2021 et est soutenu par la Région Nouvelle Aquitaine. Il reçoit le soutien du CPIE Littoral Basque et sa résidence d’artiste Nékatoenea, du Conservatoire du littoral, du Second Jeudi (Boucau), de la Maison de la photographie des Landes (Labouheyre), des laboratoires EPOC et Ausonius (Bordeaux), du centre d’art Captures (Royan) et du Centre Intermondes (La Rochelle).
février - mars 2022
Résidence à Nékatoenea
La première étape du parcours a eu lieu à Hendaye. J'ai été accueillie pendant cinq semaines en résidence à Nekatoenea, au sein du Domaine d'Abbadia sur la Corniche basque. Le CPIE Littoral Basque m'a accompagné dans mes recherches sur l'érosion et la culturel des risques liés au littoral. Entre Hendaye et Anglet, j'ai parcouru les 40 kilomètres de côte rocheuse que compte la Nouvelle-Aquitaine à la recherche des dispositifs de défense contre la mer (digues, renforcement des falaises, enrochements).
mars - avril 2022
Traversée des Landes
Depuis Bayonne, où j'ai été accueillie quelques jours par le Second Jeudi, je me suis intéressée à la batterie de bunkers de Boucau, ancien terrain militaire devenu circuit de motocross derrière la zone industrielle du port de Bayonne. C'est le premier des 230 km de côte sableuse que compte la Nouvelle Aquitaine - la plus longue d'Europe.
Lors de mon arrivée à Capbreton, la plage était en chantier pour les opérations de réenssablement. Sur plusieurs plages, les pelleteuses s'activent pour préparer la saison. À Vieux boucau et à Contis-plage, petites stations perdues au milieu des kilomètres de dunes et de forêts, j'ai découvert quelques maisons construites dans le sable et barricadées pour l'hiver.
avril & juin 2022
Érosion et missions scientifiques
Avril 2022
Bruno Castelle, du laboratoire EPOC (Université de Bordeaux) m’a donné l’opportunité de suivre son équipe en 4×4 et en quad pour le levé printanier du trait de côte. Chaque année, un relevé GPS réalisé au pied des dunes permet de cartographier très précisément l’évolution de la côte. Il est réalisé au printemps et à l’automne, avant et après les tempêtes de l’hiver. Nous avons constaté cette année que le littoral a été relativement épargné après un hiver très doux, sans tempête violente.
Mai 2022
Rencontre de l’équipe d’archéologues du laboratoire Ausonius (Université de Bordeaux) sur la plage de L’Amélie à Soulac-sur-Mer. Florence Verdin et la doctorante Camille Culioli y fouillent un site Néolithique. L’érosion chronique sur ce secteur dévoile des vestiges de différentes époques qu’il faut fouiller avant que la mer ne les emporte. Les découvertes géologiques et anthropiques témoignent des adaptations des sociétés en fonction des différentes niveaux de la mer.

Juin 2022
J’ai rejoint l’équipe ESTRAN (laboratoire EPOC & Ausonius) une nouvelle fois à Soulac-sur-Mer pour suivre deux missions parallèles : finir le chantier du mois de mai sur le puit néolithique et cartographier le sous-sol avec une équipe de géophysique. L’occasion de rencontrer Frédéricque Eynaud, océanographe et géologue qui travaille depuis 2014 à Soulac (et qui m’a soutenu dès le début du projet).
mai 2022
Parcours en Gironde à trois artistes
Depuis le début de ce projet, la place de l'image fixe face à un phénomène en mouvement m'interroge. J'ai décidé d'inviter deux photographes, Léonie Pondevie et Maxime Voidy, à me rejoindre sur une portion de mon parcours pour échanger ensemble sur les usages de l'image vis-à-vis du changement des paysages. Nous avons passé une semaine au Cap Ferret, une semaine à Lacanau et trois semaines à Soulac-sur-Mer.
recherches en cours
Nos châteaux de sable ne meurent pas avec la fin de l'été
Les usages touristiques du littoral contribuent à sa transformation et le recul du trait de côte pourrait nous faire repenser nos pratiques visi-à-vis de l'espace de la plage. Pour donner une perspective à son évolution, je me suis penchée sur l’histoire géologique et archéologiques des lieux, des légendes locales, des récits mythologiques liés à la mer et récits du déluge dans différentes civilisations. J’ai commencé à documenter des lieux par la mise en scène d’un personnage isolé, comme une manière de raconter une histoire possible. Reconnaissable à son pull de couleur orange-chantier, ce personnage féminin détourne des objets liés à la plage ou à l’univers de la construction. Toujours seule, parfois minuscule face à des éléments construits ou naturels qui la dépassent, elle tente d’interagir avec le paysage, des décors érodés, qui montrent des bunkers, des défenses contre la mer ou des zones en train de disparaître.
lecture performée
Mégalomania chap. 1
Avant d'être lauréat de l'appel à projets Astre, Mégalomania avait fait l'objet d'un premier texte et d'une lecture-performée. Il a été écrit entre 2020 et 2021 puis lu pour la première fois à Continuum (Bordeaux) sur l'invitation d'Élise Girardot et de la plateforme curatoriale Föhn. Ce format de conférence poétique continue de se développer au long du parcours.


